Carnet de route Hoàng Sù Phi-Vinh Lộc (suite)
Par David le dimanche 11 novembre 2012, 20:57 - Lien permanent
Après le bestiaire mobile du billet précédent, on reprend la route vers notre
destination supposée: le lac Ba Bé. Une petite erreur de navigation va
considérablement ralentir notre progression et nous faire découvrir le charme
de Vinh Lộc, grosse bourgade de la province de Tuyên Quang.
Un peu avant, notre route croise une
procession d'hommes et de femmes enturbannés de blanc. Il y a là un
attroupement autour d'un homme en tenue d'apparat qui récite des incantations
devant un autel improvisé en bordure de la route. On s'arrête quelques mètres
plus loin et alors que je m'approche, je me rends compte qu'il s'agit de
funérailles. Le blanc est en effet ici symbole de deuil.
Des musiciens accompagnent la procession
ce qui donne une petite touche joyeuse à l'évènement, même si des pleureuses
"professionnelles" se chargent de dramatiser l'évènement. On nous invite à
participer au rituel qui consiste, entre autre, à boire un verre d'alcool de
riz en l'honneur du défunt, ce à quoi je m'exécute consciencieusement. Au bout
d'un moment, la procession revient vers la maison du défunt et commence alors
une curieuse ronde autour des offrandes disposées méticuleusement sur le sol,
le tout au son entêtant d'une espèce de bombarde nasillarde. Trônant au milieu,
un gros cochon rose a été disposé à plat ventre, les pattes arrières écartées!
La scène paraît un peu surréaliste avec tous ces gens qui défilent autour de
cette pauvre bête qui me rappelle les deux malheureux aperçus le matin même de
part et d'autre de leur mobylette.
Voici une petite description des rituels funéraires au Vietnam, tiré du roman
"François Phuoc, métisse" de J. Cendrieux aux éditions Kailash
(petite maison d'édition basée à Pondicherry):
Ainsi le tam-tam sonore, la clarinette et les cymbales ouvrent la route de
l'éternité devant l'âme du défunt. Le convoi funèbre déroule, dans la plaine où
le riz verdoie et frissonne en vaguelettes, son long serpent bariolé. D'abord
vient l'orchestre dont les accents proclament la joie des vivants: le défunt
s'est libéré de la lourde matière et maintenant survole légèrement le
village ; le tam-tam et les cymbales, de leur voix profonde et sourde,
savent mettre en fuite les mauvais Esprits.
Cet orchestre est suivi des enfants porteurs d'offrandes funéraires: un
porc rôti tout entier (...), et des fruits, reposant sur un lit de dentelle de
papier. (....) Derrière, avancent, poussant des cris aigus, vêtues, en signe de
deuil, du caikhan, les pleureuses et les parents affligés. Enfin la foule qui
suit le cortège : on bavarde et, secrètement, l'on suppute le nombre de
cochons rôtis et de bouteilles d'alcool "ruou" que ce soir on savourera ;
hommage ultime à la mémoire du défunt.
Commentaires
Quel décallage par rapport à nos rituels !! la couleur blanche déjà, fait plutôt penser à un mariage et puis le cochon....gloups, vraiment celui là, tu nous l'auras fait voir dans toutes les positions!
Il m'en reste encore un (je parle du cochon) a mettre en ligne pour le prochain billet. Cette fois ça sera le dernier mais il vaut le détour tant pour l'image que pour le son...